Si l' exploration plus approfondie du materiel deja utilise pour le tome I et I'adjonction de quelques manuscrits supplementaires nous amenent it preciser ou a nuancer certains points, en revanche le schema d'ensemble reste in change par rapport a ce que nous avions pu dire a propos du premier tome.
I.1. Les sources.
On retrouve done ici les manuscrits « complets » A' (texte de base), A2, C; D, E, F1 et G, qui n'appellent pas de nouvelles remarques. Parmi les autres sources, BI (chap. 44,45 et 47), B (chap. 34,42-45,47-48 et 51), B3 (idem) et B4 (chap. 34,37-40,42-49 et 51) apparaissent it nouveau ici mais ces manuscrits ne concernent que des installations et encore de facon selective. Dans le precedent tome, nous les avions places dans la lignee de la famille A. Cette impression se trouve confirmee pour B1-3. En revanche, I'analyse poursuivie dans Ie present tome amene maintenant a considerer B4 comme un derive de la famille D. Pour ne pas creer de confusion, nous 1ui avons cependant conserve son sigle initial.
A ces sources deja connues s'ajoutent ici B5, B6, B7, J, K, et enfin les groupes Let M. Parmi eux B5 est une compilation ou apparaissent les chapitres 40, 47 et 49 du Diptagama : 1e texte est sou vent tres proche de B4 et done se rattache it la famille D. En revanche, B6 (chap. 36) et B 7 (chap. 37) sont tres proches de A ; les quelques lecons divergentes qu'ils apportent sont toutefois de peu d' interet.
Le cas de J est plus complexe. Courte compilation sans theme dominant, il contient Ie chapitre 28 du Diptagama concernant le bain de lait. Ce chapitre n'est conserve que dans quatre manuscrits complets mais seul F1 en donne un texte integral, les trois autres (A1, A2 et G) se limitant it la celebration des vaches divines et it 1'affirmation du caractere indispensable de ce type de bain (28.7cd- 20ab). L'interet de J est de presenter les premiers vers, comme 1, tout en s'arretant au vers 20ab comme le font les autres sources; ses lecons s'averent utiles pour la comprehension generale du passage. Bien que represente par cet unique chapitre, J se rapprocherait done a la fois de A et de F dont nous avions montre qu'ils ernanaient d 'un texte initial unique. Cependant I 'apport de Jest trop ponctuel pour determiner s'il reflete directement cette source initiale ou bien si ce n 'est qu 'un texte composite dans la lignee de G et de H.
Toutes les autres nouvelles sources utilisees dans ce volume (K, L et M) se rapportent au chapitre 57, consacre a I 'octuple mortier (astabandha), dont nous avons en fait deux versions. K se distingue dans la mesure ou il suit celIe donnee dans les manuscrits « complets » (tout en lui donnant un titre different) ; il semble composite mais ses lecons sont parfois interessantes, En revanche, les deux manuscrits de la famille L et les quatre de M donnent un texte entierement different de celui des manuscrits complets : les recettes de mortier (octuple ou non) sont differentes et il y est question, plus generalement, d'expiations en cas de deterioration du mortier initial (astabandhanaprayascitta)3 II y a tout lieu de penser que ce texte ne se rattache au Diptagama que de maniere nominale et qu'il n'a jamais fait partie de ce traite ; nous l'avons donc edite en appendice achapitre 57. La distinction entre les familles L et M se justifie par le fait que la seconde ne contient que ce qui concerne I' astabandha alors que la premiere integre egalement d' autres elements attribues au Diptagama mais correspondant a des chapitres qui seront publies dans le tome III et que nous evaluerons a son propos.
1.2. Organisation generale
Comme pour Ie premier tome, l'ordre des chapitres suit celui donne par A1. Apres un premier ensemble consacre a des regles generales sur Ie culte quotidien et a des ceremonies diverses (chap. 22 a 30 et 33), on en trouve un second consacre aux installations d'images (chap. 31, 34 a 49 et 51 a 54), complete par un chapitre sur le culte de ces memes images (chap. 50). Viennent ensuite deux chapitres sur les bains des officiants (chap. 55 et 56) et des developpements sur des operations plus exceptionnelles - reparations, expiations et bains (chap. 57 a 59 et 61-62) - ensemble ou est insere le chapitre 60 qui traite du trone mystique et developpe amplement des elements deja fournis a propos du culte quotidien.
Cependant seuls les deux manuscrits A et Ie manuscrit G donnent 1 'integra- lite de cette matiere. En effet, les groupes de chapitres 33 a 43 et 58 a 60 sont absents de F1, tandis que les familIes C et D omettent elles aussi deux ensembles de chapitres (25 a 32 et 52 a 57). Cela a plusieurs consequences. La premiere est que nous nous sommes souvent trouves devant un nombre fort restreint de sources: c'est Ie cas en particulier de chapitres decrivant des ceremonies rarement decrites ailleurs comme le culte de la nuit ardhayamarcana, chap. 25) ou la « garde du roi » rajaraksa, chap. 29). Cependant il n'y a que dans F1 que ces lacunes concernent un nombre important d'installations: ce phenomene renforcerait I'impression que le Diptagama est avant tout un traite specialise sur ce type de ceremonie ; il est d'ailleurs significatif de constater que les manuscrits du groupe B ne traitent que des installations et de I'iconographie qui en est le corollaire (voir le tome I). II n'est pas impossible que cette specialisation apparente so it le resultat d'un remaniement de I'organisation du texte ou au moins ait ete accentuee par lui4. II est remarquable que les developpements sur le culte quotidien et ses annexes se trouvent dans les manuscrits A et r', qui sont les plus proches de I'etat ancien de notre texte. II ne peut done s'agir d'adjonctions ; au contraire, leur absence dans C et D peut etre percue comme un elagage du texte, ce qui, par ailleurs, confirme certaines de nos hypotheses presentees dans l'Introduction du premier tome.
Les lacunes de r' s'expliquent plus difficilement. II s'agit peut-etre simple- ment d 'un accident materiel dans Ia transmission du texte : I' aspect concentre de la lacune pourrait faire penser a la perte d'un groupe d'oIes. D'autres hypotheses pourraient s'appuyer sur le fait que la lacune la plus notable englobe Ie chapitre sur le culte du feu et surtout les dix premiers traitant des installations de manifestations de Siva. Cependant une selection parmi les manifestations de Siva parait peu vraisemblable, tout comme 1'idee que F1 representerait un etat ancien du texte dont A fournirait une version amplifiee, et ce pour la merne raison: I'importance majeure des manifestations qui auraient ete eliminees (dans Ie premier cas) ou ajoutees (dans le second) : Sukhasana, Somaskanda, Nrttamurti, etc. Rappelons par ailleurs que, dans le chapitre 16 consacre a I'iconographie, r' donnait bien la liste de ces seize representations de Siva et developpait cet aspect par I'adjonction qui lui est pro pre de la description de tout Ie pantheon sivaite (voir I'appendice au chapitre 16).
La place qu'occupent les ceremonies d'installation dans le Diptagama et particulierement dans ce second volume justifie bien I'appellation de «Traite de l'/des installation(s) » (pratisthatantra) donnee par la plupart des colophons. En effet, sur les 41 chapitres que contient ce volume 20 sont consacres a des installations d'images (chap. 34-49 et 51-54) et cinq autres se rattachent d'une facon ou d'une autre it ces ceremonies: l'un traite des epoques favorables (chap. 31 : kalanirdesavidhih), un autre des installations dans les agglomerations et le palais royal (chap. 32 : gramadilaksanavidhihy et les trois demiers des expiations, reinstallations, renovations et operations similaires (chap. 30, 57 et 59). A cet ensemble compact s'ajouteront dans le troisieme volume huit chapitres consacres a d'autres installations. Rappelons enfin que les chapitres 20 et 21 (tome I) sont consacres it l'installation du Linga et de son piedestal et fournissent le schema de base du rituel d'installation suivi pour les images de Siva et des autres person- nages divins ou autres, tel Ie roi. Ce deuxieme volume contient pour Ie reste quelques chapitres consacres au rituel quotidien avec une insistance particuliere sur Ie rituel du feu; il est egalement question de ceremonies occasionnelles pavitra, differents types de bain, etc.); enfin deux chapitres sont un peu exceptionnels: l'un traite de la ceremonie des « decoupures des feuilles » (patraccheda), sujet it ce jour inconnu dans la litterature agamique, et l'autre du « culte de la nuit » (ardhayamarcana) rarement traite.
Le fait qu'un merne sujet, en I'occurrence I 'installation, so it traite it de multiples reprises met particulierement en valeur I'emploi d'un style formulaire qui est l'une des caracteristiques de la litterature agamique. De nombreux demi- vers ou quarts de vers se retrouvent plusieurs fois, mais Ie caractere repetitif des prescriptions aboutit ce que certains sont parfois places de maniere mecanique mais non pertinente : ainsi, dans une ceremonie ou Siva n'est pas accompagne de la deesse (installation de Harihara), on trouve neanmoins mention du transfert du germe de Gauri sur le coeur de cette derniere (42.55cd).
Enfin ce second volume fait apparaitre clairement la place que le Diptagama accorde au roi. Celui-ci beneficie tout d'abord de deux chapitres complets, I'un traitant de I'installation de son image (chap. 52) et I 'autre d 'un rituel magique qui vise it assurer sa protection (rajaraksa, chap. 29). Ce rituel est decrit en deux etapes : le roi s'enduit le corps de cendre puis un officiant y impose I'ensemble des lettres de I 'alphabet. Cette imposition de I 'alphabet, qui semble absente des textes paralleles, apparait ici comme Ie rite essentiei de la cerernonie (29.24ab). Quant au rite de la cendre, il semble y avoir dans sa presentation une certaine confusion avec Ie « bain de cendre » (bhasmasnana) traite dans Ie chapitre 56 (el ci-dessous 11.3.3.1): les deux chapitres ont des vers communs ou tres proches, mais en depit de la longue description du chapitre 29 (plus detaillee que celle du chapitre 56), il n 'est pas sur que ce rite fasse reellement partie integrante de la rajaraksa. Le roi est aussi present dans Ie chapitre 32, qui insiste particulierement sur la capitale et Ie palais royal; il y est egalernent fait mention de I'emplacement specifique des images mobiles de Somaskanda et de Siva dansant dont on sait qu'elles ont eu un fort lien avec Ie pouvoir royal it certaines epoques, notamment sous les Cola 10. Enfin a propos du « grand bain », on precise qu'il est requis lors du sacrifice du cheval, du sacre royal ou de la fondation d'une capita Ie (61.2cd- 4). Precisons pour finir que Ie roi est it plusieurs reprises mentionne par les bienfaits qu'apportera au royaume ou a sa personne I'accomplissement de certains rites.
II.1. L'image
Plusieurs termes sont employes pour designer les images; si I 'on trouve au passage vigraha (32.105cd ou 60.52cd), sakala (eg. chap. 50), bera (52.31), arca (uniquement dans Ie compose karmarca ou encore kautuka, terme problematique sur lequel nous reviendrons plus loin, les mots les plus souvent employes sont murti (eg. 35.88,97 ou 44.36), bimba (eg. 30.02, 13, 44.30cd), et surtout pratima, dont I'acception semble tres generale' : en effet, on I'utilise aussi pour designer Ie Mukhalinga (48.13cd) et, au chapitre 51, Ie Trident (Astra, Pasupata)13.
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